La Syrie. Aujourd'hui et demain

M. Samir Arbache, professeur de Théologie et d'histoire des religions à la faculté de théologie de Lille a donné une conférence sur son pays à la Maison du diocèse à Raismes

La Syrie est un pays de 22,5 millions de personnes pour une surface de 185 180 km². Les frontières actuelles sont une création artificielle, résultat du partage du Moyen-Orient entre français et anglais après la première guerre mondiale.

Toute cette zone géographique est un des berceaux de la civilisation : on y construisait des édifices majestueux et on y inventait l’écriture bien avant l’émergence de la civilisation dans notre vieille Europe.

Au long des siècles, de nombreux empires s’y sont succédés et se sont arrogés l’autorité sur la région. Dans le découpage récent en pays actuels, les frontières ont été établies pour les intérêts des puissances de l’époque et contre les intérêts des populations vivant là depuis des millénaires. Ce drame est une des causes des conflits actuels.

Des romains aux byzantins, puis aux croisés, des arabes aux turcs, la succession de nombreux empires a donné à la Syrie un patrimoine archéologique riche et important. On pense au théâtre romain de Bosra, au musée de Chabba-Philipopolis, à la mosquée des Omeyyades, au krak des chevaliers ou encore à Palmyre, classée au patrimoine mondial de l'Unesco en 1980 et détruite récemment par Daech.

Des villes du Proche-Orient comme Alexandrie, Alep, Damas ou Beyrouth ont été dynamiques et fascinantes. Occupées par une population riche de sa diversité, elles ont été des lieux de maturation des religions juive, chrétienne et musulmane. Chacune compte des chrétiens, des musulmans, des juifs parmi sa population.

Du VIIIème au XIème siècle, les diverses communautés ont vécu ensemble, ont collaboré à l’essor de la région et ont été fécondes pour la civilisation. Du XIIème au XIXème siècle, la région a sombré dans le déclin. Au XXème siècle, les chrétiens ont promu le nationalisme arabe.

La Syrie est indépendante depuis 1936, et le parti Baas est au pouvoir depuis 1963. Depuis le milieu du XXème siècle, le pays a vécu plusieurs tentatives de réveil et d’émancipation. La plus récente, celle du printemps arabe de 2011, a été transformée en une guerre où le monde entier est venu s’affronter pour le contrôle d’une terre riche en gaz naturel et carrefour stratégique entre le Moyen-Orient et l’Occident. Une fois encore, ce n’est pas le bien des populations qui a été en jeu, mais celui d'empires extérieurs.

M. Samir Arbache a cité ces versets de la fable « Le Jardinier et son Seigneur » de Jean de la Fontaine :

     « Petits Princes, videz vos débats entre vous :
     De recourir aux rois vous seriez de grands fous.
     Il ne les faut jamais engager dans vos guerres,
     Ni les faire entrer sur vos terres
. »

Lors du temps de questions-réponses, un participant a résumé la situation de la Syrie en citant Paul Valéry :

     « La guerre, c'est le massacre de gens qui ne se connaissent pas,
     au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas. »

M. Samir Arbache, qui nous a partagé son amour pour son pays et pour son peuple, a conclu sa conférence par cette parole : « Espérer est un acte intelligent ». L’éducation permettra un jour à la Syrie éternelle de relever la tête.

 

Article publié par Service com • Publié le Mercredi 17 octobre 2018 • 2716 visites

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