La soirée-débat autour du livre « Milliards en fuite ! Manifeste pour une finance éthique »*, ce 9 décembre, a eu deux vertus : faire venir, grâce aux trois invités-témoins -Alain et Eric Bocquet, Pierre Gaumeton, sans oublier Bruno Bocquet pour le stand livres- des personnes qui ne fréquentent pas la Maison; surtout, mettre un sujet de société rarement mis sur le devant de la scène au plan médiatique comme politique.
Comme entendu ce soir, le combat mené par nos deux parlementaires (seul Eric Bocquet, sénateur, est en activité), auteurs de trois rapports sur le sujet et du premier « Sans domicile fisc » (2016, 12 000 exemplaires, honoré du prix Anticor de l’éthique en politique) sera de longue haleine et touche les générations à venir. Sujet ardu, difficile, technique, que celui de l’évasion fiscale.
Les chiffres sont affolants : 100 milliards d’euros échappent, chaque année, au budget de la Nation. 1000 milliards pour l’Union européenne (UE). Face à une « logique infernale » , les frères Bocquet mènent une croisade avec ardeur et conviction, lucidité et enthousiasme, allant jusqu’à rejoindre le pape François lorsqu’il dénonce « l’argent, fumier du diable » à La Paz (Bolivie, 2015).
Adeptes d’une COP de la finance et d’une Organisation mondiale de la finance (OMF) sous l’égide de l’ONU, ils espèrent surtout que la présidence française de l’UE (au 1er janvier) permettra de mettre à jour la liste des paradis fiscaux. Le 7 décembre, la publication du Rapport sur l’état des inégalités dans le monde donnait raison au « combat titanesque » -l’expression est d’Alain Bocquet- qui attend l’homme d’aujourd’hui pris dans l’étau de la numérisation des rapports sociaux, l’intelligence artificielle (IA) … Qui entendra Albert Jacquart (1925-2013), généticien : « Je n’ai pas à être plus fort que l’autre, j’ai à être plus fort que moi grâce à l’autre ».
Philippe Courcier
*Edition le cherche midi, 215 p. 17€