Regard chrétien sur l’actualité - Credo et crédit

Le professeur Frédéric Lobez a démystifié le sujet difficile de la finance.

"Credo et crédit, la pensée sociale catholique et la finance"* : tirée de l'ouvrage du docteur en sciences de gestion, spécialiste de finance, la conférence-débat de ce 6 novembre, à la Maison du diocèse, a été appréciée par un public trop peu nombreux mais dans lequel on pouvait reconnaître chefs d'entreprises ou professionnels de la finance, également des membres du mouvement entrepreneurs et dirigeants chrétiens (EDC). L'essai de Frédéric Lobez -"bref et pertinent" a salué la critique- n'est autre qu'une réflexion approfondie de son Mémoire de licence canonique en théologie qu'il soutint devant un certain père ... Dominique Foyer**, enseignant à la fac de théologie, à Lille, aujourd'hui en retraite. L'idée originelle du sujet ? " Trois axes : l'homme est créé à l'image de Dieu; la date clé de 1989 où le capitalisme perd son meilleur ennemi et fait naître l'idée qu'un système alternatif est possible; une recherche sur la finance où croissance et développement intégral de l'homme peuvent faire bon ménage. En clair, est-ce l'anthropologie humaine qui est déviée ou les institutions qui sont viciées ?" introduit Frédéric Lobez. Avec deux chiffres à avoir à l'esprit : la dette française représente 113% du PIB; le budget n'est plus à l'équilibre depuis ... 1974.

Usure, taxation, finance verte : où mettre le curseur ?

Si credo et crédit se distinguent par le sacré et le profane, les deux termes ont la même racine latine : credere, faire confiance que celui qui emprunte pourra rembourser. Le conférencier a largement évoqué l'histoire de l'Eglise, documents et références à l'appui, insistant sur l'encyclique de Benoît XIV "L'usure et autres profits malhonnêtes" (1745) et celle de Léon XIII "Rerum novarum" (1891), inaugurale de la doctrine sociale de l'Eglise (DSE). Enumérons : la dignité de la personne, le bien commun, la justice, la destination universelle des biens, la subsidiarité et l'option préférentielle pour les pauvres. Plus proche de nous, la parole des deux derniers papes. Si Benoît XVI met le signe égal entre crises financières et crises de confiance, pointant du doigt la cupidité, François vilipende "la sacralisation de la technologie" et critique "les défaillances structurelles et une rationalité discutable". 2018 : la congrégation pour la Doctrine de la foi publie "Considérations pour un discernement éthique sur certains aspects du système économique et financier actuel ". Un texte à saluer. "La valeur partenariale doit l'emporter sur la valeur actionnariale, l'économie est une science morale" poursuit l'universitaire, précisant "plus le système bancaire sera divers, plus il sera stable". Adepte d'une décroissance "sélective", Frédéric Lobez, articulant foi et raison, a conclu : "Oui à une économie de communion où les verbes produire-redistribuer-donner formeront un ensemble vertueux et simple, pour le bien commun de tous".

Ph. Courcier

*2022, Les Belles Lettres, 336 p. 19€ (la Une de couverture représente la tiare pontificale et une pièce de monnaie de l'Antiquité dite statère)

** Le père Foyer, concluant la soirée (voir photo), a remercié son confrère et rappelé l'importance d'une parole d'Eglise ouverte au débat, à la contradiction, à l'écoute de la société. La finance n'y échappe pas.

Bibliographie suggérée : "Les silences de la doctrine sociale de l'Eglise" de Jean-Yves Calvez, sj (2004,  Editions des ateliers) et "L'argent" (1891, Emile Zola).

 

Notez-le !

Le cycle "Regard chrétien sur l'actualité" reprendra en 2024. Un spécial remerciement est adressé à l'équipe d'animation spirituelle et pastorale de la Maison du diocèse qui l'a souhaité et mis en place en novembre 2021. Sans oublier le service Communication qui met en forme les affiches et flyers. 

Article publié par Equipe de la Maison • Publié le Mardi 07 novembre 2023 - 18h08 • 150 visites

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