Revoir la conférence à deux voix
A Raismes,
Nous voilà moins trans-ignorants !
Impossible de retranscrire la richesse d'une soirée -celle du 18 octobre, avec la reprise du cycle "Regard chrétien sur l'actualité"- consacrée à un sujet que notre société prend de plein fouet, à l'école ou à l'âge adulte, même s'il ne concerne qu’une infime minorité de personnes (les enfants intersexes représentent 1,7% des naissances, soit environ 12 800 en France en 2019; 10% des Français se déclarent LGBT* (19% parmi la génération Z, 4% parmi les générations Baby-boom). Nos deux invités - Marie Cau, maire transgenre de Tilloy lez Marchiennes, et le père Dominique Foyer, théologien valenciennois, membre de l'équipe de la pastorale des familles- ont réussi le pari de s'écouter et de répondre à un auditoire nombreux (71 personnes) qui comptait quelques personnes touchées par l'une des composantes de la complexité de la vie humaine. Se définissant "chrétienne non catholique", Marie Cau, 58 ans, trois enfants, est authentique : "Pourquoi vivre dans le mensonge, pourquoi avoir peur, on ne fait de tort à personne ... l'important, c'est d'aimer et d'être heureuse, non ? La transidentité n'est ni un choix, ni une mode, le sexe est binaire mais pas forcément la sexuation ... Les personnes de la galaxie LGBTQI ont toutes leur propre parcours, ne jugeons pas !". Le père Foyer apporte son éclairage : "Le théologien s'intéresse à la vie, rien de ce qui est humain n'est étranger aux disciples du Christ. Qui suis-je, quelle est mon identité ? Pour l'heure, il n'y a pas de parole publique, officielle, de l'Eglise mais le pape François invite à accueillir-discerner-intégrer avec délicatesse et bienveillance chaque personne vivant cette situation. Les études scientifiques montrent qu'existent des dysfonctionnements chromosomiques et endocriniens ... on voit bien la difficulté de prendre à bras le corps un sujet qui peut fragiliser une société et ses codes. L'important, me semble-t-il, est d'être vrai(e), heureux(se), de toujours se demander ce qui est bien pour moi-même et pour les autres car nous faisons société ensemble". Question au croyant : "Et Dieu dans tout cela ?".
Réponse du théologien : "L'essentiel, c'est de chercher Dieu ... Il répond toujours à notre recherche".
Témoignages dans la salle J. Delaporte
Ici, un étudiant diplômé en philosophie fait part du "vertige", de l'"angoisse" d'un tel sujet, craignant un peu sa (trop grande) mise sur la place publique ; là, une maman accompagnée de son aînée de 20 ans fait part de son émotion et de sa volonté de l'accompagner dans sa "trans-mission". Maggy, militante d'action catholique, souligne que notre existence est la somme des relations humaines qui nous ont forgées. Interviendra aussi la présidente d'En-Trans pour les Hauts de France.
Marie Cau rappellera que des milliers d’enfants naissent en France, par an, sans sexe véritablement déterminé. Elle regrettera le silence de certains médias sur leur désinformation volontairement trans...phobe ! L'élue de Tilloy continuera d'informer ses pairs, les parlementaires, les ministres sur la transidentité. Le père Foyer, lui, a salué cette soirée dominée par le respect, l'écoute et l'ouverture.
Philippe Courcier
*LGBT : ce sigle est celui qui est le plus souvent utilisé pour désigner la communauté des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres; on peut aussi trouver LGBTQI où s'ajoutent les personnes queer et/ou intersexuées.
Bibliographie suggérée :
"Homosexuels et transgenres chercheurs de Dieu" d'Adrien Bail (2015, Nouvelle Cité/Vie des hommes, 140 p.)
"Homme, femme, ce que nous disent les neurosciences" du Pr René Ecochard (2022, Artège, 240 p.)
Liens possibles
https://www.gouvernement.fr/fiches-pratiques-le-respect-des-droits-des-personnes-intersexes
A noter : en Europe, on relève une tendance à l'autodétermination, nombre de pays modifiant leur législation pour simplifier les démarches en vue d'un changement de genre : Danemark, Suède, Norvège, Islande, Irlande, Malte, Portugal, Suisse, Espagne, bientôt l'Allemagne ... La France a aboli les expertises médicales depuis 2017. Mais le requérant majeur doit avoir l'aval du tribunal.