Et de belle manière ! Invitée, ce 9 janvier, du cycle "Regard chrétien sur l'actualité", Madame le pasteur de l'Eglise unie protestante de France (EPUdF) -fusion depuis 2013 des réformés et luthériens- a bravé une météo peu favorable, à la satisfaction d'un public interactif et intéressé par les différences au sein de la grande famille chrétienne. Cela, à quelques jours de la semaine annuelle pour l'unité des chrétiens et son thème "Crois-tu cela ?" (18-25 janvier, voir ci-dessous*). Arrivée il y a six mois, Valérie, 63 ans, a en charge les territoires de Valenciennes et de Lecelles-Saint Amand, villes qui ont un temple protestant. Originaire de Carpentras (Vaucluse), l'épouse de David, pasteur à la retraite, présent à la soirée, a grandi dans la foi protestante -"je n'ai jamais ressenti d'overdose !" dit-elle en souriant- pour embrasser à son tour cette fonction, jeune, en 1986. Elle aurait pu être aumônière, animatrice biblique ou animatrice en jeunesse, mais c'est bien le service de la paroisse qui l'attire : "Le face à face, dans le regard des soeurs et des frères, notre capacité humaine, psychologique, affective, c'est cela qui se joue lorsque l'on devient pasteur ... Faisant l'unité, il ou elle incarne aussi l'union entre les églises locales. En France, l'EPUdF compte neuf régions. Chaque a son indépendance et son autonomie".

Un ministère de la parole et des sacrements, avec la communion au centre

Valérie a exercé dans divers lieux de l'hexagone et vient des Vosges. De 2006 à 2015, elle fut présidente du conseil régional de la région Ouest : "C'est un peu l'évêque chez les catholiques, le pasteur des pasteurs, manifestant dans un ministère personnel le caractère pastoral de l'autorité". Revenant sur sa mission, elle la situe : "La parole (la prédication), les sacrements (au nombre de deux, le baptême et la cène, "les deux seuls à exprimer pour nous la croix et la résurrection de Jésus-Christ car c'est lui notre salut"), la communion entre tous "pour faire communauté car si j'ai la responsabilité de la paroisse, je n'en ai pas l'exclusivité", ajoutant : "Nous gouvernons ensemble -avec les membres du conseil presbytéral- l'Eglise tant dans son aspect matériel que spirituel et théologique".

La gratuité de la relation

N'hésitant à voir son ministère comme celui de l'artiste ou du musicien -"pas vraiment utile, totalement gratuit, disponible à chacun(e)"-, Valérie forme le voeu que les chrétiens fassent entendre là où ils se trouvent la parole de Dieu, deviennent médiateurs d'un "Dieu (qui) s'est fait chair". Répondant aux questions de la salle, le pasteur -elle tient à ce masculin- a insisté sur les valeurs de liberté, de curiosité, de démocratie, avec une différence subtile "catholique-réformé" : chez le premier, il y a Dieu-l'Eglise-le croyant; chez le second, Dieu-le croyant-l'Eglise. "Oui, pour nous, l'Eglise n'est pas le lieu de la relation avec le Christ". Une différence subtile, pertinente. La place de Marie, des saint(e)s, l'approche des malades, des familles en deuil, des futurs mariés, les rites, l'écologie intégrale ... ont ponctué les échanges. Valérie Mitrani a fait montre d'un bel enthousiasme : "Apprenons les uns des autres, c'est à ce prix que nous serons vraiment qui nous sommes". Voilà qui n'est pas étranger à sa carte de voeux 2025 : "Levons les yeux vers l'étoile, que ce geste éveille l'attention des autres pour trouver la source de la communion". La maison du diocèse souhaite à Valérie et David Mitrani un beau séjour en Nord !

Ph. C

*Quelques rendez-vous :

Le 19 janvier (10h30), au temple de Valenciennes (66 rue de Paris), célébration œcuménique de prière pour l'unité des chrétiens.

Le 20 janvier (20h), au temple de Valenciennes, un temps de prière style "Taizé"

Le 21 janvier (20h), au temple de Saint t Amand les eaux (45 rue Henri Barbusse)