L'exercice n'était pas facile : démystifier un sujet* d'une actualité constante où la fascination le dispute au vertige ... Pari réussi pour Matei qui, support à l'appui, a retracé ce qui caractérise l'IA : l'apprentissage profond et le cerveau humain, la mise en oeuvre des réseaux (génératifs, récurrents, transformers), le lancement de ChatGTP (novembre 2022), robot conversationnel dont une nouvelle version (GPT5) est attendue pour la fin de l'année, avec de nouveaux modèles entraînés. Un seul chiffre : l'actuel GPT4 s'entraîne sur quelque 170 000 milliards de paramètres. Il s'agit ici uniquement de texte, avec une faible marge d'erreur (ou hallucination). Mais lorsqu'il y a erreur, la catastrophe peut être dramatique. Pas d'avis ni d'émotion chez l'IA : elle analyse et synthétise, critique-réflexion-délibération n'étant pas son affaire ... Répondant aux questions pertinentes (algorithmes, définition de l'intelligence, diffusion de l'information) de l'assemblée, Matei a su donner une hauteur de vue en revenant toujours sur la grandeur de l'homme en proie aujourd'hui à la technique après s'être approprié la connaissance. A l'heure où un moratoire de six mois dans la recherche sur l'IA a été demandé par un millier de personnalités -"il y aurait des risques majeurs pour l'humanité"-, nous retenons de cette soirée-débat que l'IA doit être au service des êtres humains, régulée et sûrement un jour encadrée. Une nécessité vitale pour nos démocraties, notre santé mentale et un enjeu qui rend essentiels acquisition des savoirs et dialogue des cultures. Souvenons-nous : autrefois, on appelait cela "les humanités".
Philippe Courcier
*Sources bibliographiques proposées : "IA. La nouvelle barbarie" (2019, Editions du Rocher, 320 p.16€); "Algocratie. Vivre libre à l'heure des algorithmes" (2022, Actes Sud, 288 p. 22€) et "Résistance 2050" (2023, Editions de l'Observatoire, 198 p. 14€99).